Sasha se souvenait parfaitement du sentiment qu'elle avait ressenti en ouvrant la fameuse lettre. Elle avait d'abord torturée sa mèche pendant plusieurs minutes, rongée par l'anxiété, puis elle avait sauté de joie en découvrant l'écriture si particulière et si reconnaissable de Poudlard. Un jour qu'elle n'oublierait jamais, sûrement. A l'époque elle n'avait que 11 ans, mais connaissait déjà tout de la plus célèbre des écoles de magie, et rêvait d'y poser ses bagages. Elle était même pressée de partir, de quitter cet ancien havre de paix qui était devenu au fil des années un coupe gorge. Une petite soeur trop parfaite, des parents trop couvants, une folle envie de voler de ses propres ailes, voila ce que l'enfant possédait. Sa mélancolie faisait d'elle une fille à part, trop étrange pour s'entendre avec des gens de son âge. Elle avait quelques amis, certes, mais ne partageait pas avec eux ses secrets les plus profonds. Celui de son père, par exemple. Sorcier vivant dans le monde des moldus par amour pour sa femme, il avait tout abandonné. Cette rencontre, un soir de juillet - par erreur, d'ailleurs que faisait-il ici, il se le demandait parfois - avait chamboulé sa vie entière, ainsi que celle de ses proches. Il avait tout revelé à ses filles dès leur plus jeune âge, donnant ainsi l'impression à Sasha qu'elle était en marge de l'endroit où elle vivait. Qu'elle n'avait pas sa place. Ni dans sa famille d'ailleurs ; sa petite soeur était comme son clone, mais en mieux. Elle était plus belle, plus gentille, elle travaillait mieux et réussissait plus qu'elle, déjà durant leur enfance. Il semblerait que même à l'âge de 11 ans, on soit capable de comprendre que rien ne nous retiens ici.

C'est en voyant l'immense portail de l'école que Sasha sentit un déclic se produire en elle - comme lorsqu'on prend enfin conscience de qui on est vraiment (quand elle y pensait, cette phrase semblait vraiment sortir d'un roman à l'eau de rose, ce qu'elle detestait). Les étranges couloirs, les élèves aussi barges qu'elle, tout semblait lui dire qu'elle était chez elle. Fraichement arrivée, ses cheveux couleur blé dans le vent et ses yeux bleus attentifs, elle scrutait chaque paysage, chaque nouveauté, avec envie. Elle se régalait, tout simplement. Au cours de ses 6 années, fit des rencontres merveilleuses, du genre à changer une vie. Curieuse, elle préferait flaner à la recherche de nouveautés que de réviser, mais elle restait toujours très attentive en cours, afin de satisfaire ses envies de connaissance. Son côté tête en l'air lui causa aussi quelques ennuis, comme la fois où elle ne fit pas attention à sa potion, et qu'elle se retrouva avec des cheveux verts.
Certes, les choses se gatèrent à l'aube de sa deuxième année, lorsque sa petite soeur franchit à son tour le portail de l'école. Les filles Cooper ne s'adressèrent pas vraiment la parole, si ce n'était pour se chamailler. Sasha en voulait à sa soeur de lui avoir volé son enfance, tandis qu'elle la blamait pour ne pas avoir donné de nouvelles à sa famille. Comportements futiles, me direz vous. Et bien c'était le cas. Les années passèrent sans qu'elles fassent attention l'une à l'autre. Mais Sasha ne peut s'empêcher de surveiller sa benjamine de loin, histoire de savoir ce qu'elle prépare... Car la miniCooper a toujours un train d'avance.

A présent, Sasha est en sixième année, et elle ne sait toujours pas ce qu'elle veut faire de sa vie. Quitter Poudlard lui fait un peu peur, même si ce n'est pas encore d'actualité. Il lui reste encore tellement de choses à vivre dans cette enceinte, rencontrer de nouvelles têtes loufoques, apprendre de nouveaux sorts drôles, rater des dizaines de potions, avoir un copain, et même choisir un camp ? La neutralité a toujours été sa carte maitresse, mais appartenir à ce qu'elle appelerait une confrerie est sur sa liste "Je dois le faire avant de quitter l'école". Cette liste, elle l'a écrite le dernier jour de sa cinquième année, avec une amie. Un genre de défi constant, pour terminer ses deux dernières années en beauté. Ca va faire des étincelles, je vous le dis !