"Ton père, c'est un sacré connard."
Le petit garçon, les mains dans les poches, les joues tachées de boues, la peau sombre et ses cheveux crépis écrasés contre son front dévisage encore un instant la gamine qui lui fait face. Elle est son parfait contraire ; des petites boucles anglaises blondes entourent joliment son visage rond, pâle et un peu rose, ses yeux sont clairs et sa robe bleue est impeccable. Elle est la fille d'un riche politicien ; il est le fils du plus pauvre ouvrier. Et aujourd'hui, ils se sont rencontrés. Il l'a reconnu par la ressemblance frappante qu'elle a avec son paternel. Un père absent, un père qui travaille sans cesse, critiqué ou adulé. Mais la première option est beaucoup plus flagrante.

Quelques fois, Mackenzie est obligée de monter en même temps que son père dans sa jolie voiture entourée d'autres fourgons de police. Et lorsqu'elle s'assoit à côté de lui, après avoir sentie l'odeur d'alcool, de cuir et d'anti-poussière, elle regarde par la fenêtre teintée de noir. Ce qu'il y a d'étrange, c'est qu'elle peut voir parfaitement ce qui se passe à l'extérieur, mais personne ne peut la discerner clairement. Elle constate que la moitié de la foule qui se déroule devant ses yeux est animée de tristesse, de colère ; la plupart des gens hurlent, lèvent le poing, d'autre agitent des pancartes, ou bien font tout à la fois. Et quand elle observe l'attitude de son père face à cela, elle ne comprend pas ; il est en train trinquer avec sa secrétaire, affiche un grand sourire et quand il baisse les yeux sur elle, quand il DAIGNE la regarder ne serait-ce qu'une minute, il pose sa grande main sur sa tête et caresse gentiment ses cheveux avant de dire : Tout va bien, Macky ?
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