On dit souvent que les contes de fées, justement, ne sont que des contes. Que jamais la vie, la vraie, ne pourra leur ressembler. Eh bien je suis la preuve vivante que l'on peut vivre un conte de fées. Il s'agit juste d'en décider soi-même la définition !

Il était une fois, sur le rocher des Grimaldi, une jeune femme accoudée à un balcon, face à la mer. Grande, brune, pulpeuse, elle était l'objet de tous les fantasmes masculins. Et pour ajouter à ce portrait déjà très flatteur, la demoiselle était actrice, fille de milliardaire et américaine. Le genre de femme que tous rêvaient d'avoir à leur bras. Cette splendide créature, nommée Delila Van der Roïe, ne rêvait, elle, que d'un seul homme. Un serveur monégasque rencontré deux semaines auparavant au casino de Monaco, entre deux machines à sous. Un jeune homme brun, aux yeux bleus, à la carrure de nageur. Ce n'avaient été qu'échanges de regards et sourires toute la soirée, puis Delila avait faussé compagnie à ses amis pour rejoindre le séduisant inconnu après son service. Tom Jackson ; fils d'immigrés Canadiens installés sur le rocher depuis près de quarante ans ; au passeport monégasque. Issu d'une famille aux revenus respectables lui permettant de vivre aisément, il n'en était pas pour autant un jet-setteur. En somme, pas un bon parti pour le mariage que papa Van der Roïe souhaitait faire à sa fille chérie. Un fruit interdit... Pourtant, Delila y croqua, non sans la menace parentale de se voir couper les vivres. Et à jouer avec le feu, on se brûle. Du jour au lendemain, dès que la nouvelle de situation sentimentale atteind ses parents, Delila se retrouve à la rue dans une ville qui renaît de la seconde guerre mondiale, sans un sou. Tom lui ouvre les portes de l'appartement familial et Delila s'installe chez la famille Jackson qui la considère rapidement comme un membre à part entière de la famille. L'idylle du couple se solde, quatre ans plus tard, par un mariage auquel ni papa ni maman Van der Roïe ne sont invités. Delila a tourné le dos à sa famille, à sa carrière, à sa fortune et à son héritage. Elle ne rêve plus que d'une vie normale, auprès de son époux et de ses beaux-parents. L'arrivée d'une petite fille ne fait qu'agrandir leur bonheur. En effet, le soir du 25 décembre 1959, alors que toute la famille se rassemble autour du sapin pour débaler les paquets de Noël, Delila perd les eaux et est aussitôt conduite à l'hopital. Deux heures plus tard, elle met au monde une charmante petite fille qu'elle et Tom appellent Shiloh Raiponce, en l'honneur de la princesse de contes de fées que Delila a toujours adorée. Tom, désormais propriétaire d'un petit restaurant canadien face au port Hercule, gagne suffisamment d'argent pour quitter le nid familial et acheter un appartement, sur le même palier. Delila ne songe pas une seconde à vivre loin de ses beaux-parents, qu'elle considère comme ses parents. Et ni elle ni Tom, ne souhaitent éloigner Shiloh de ses grands-parents, ne serait-ce que d'une rue. Shiloh ayant trouvé du travail comme secrétaire d'une grande entreprise, le couple gagne bien sa vie. Le cachet d'un film dans lequel Delila joue termine de rembourser le prêt d'achat de leur appartement. Et puis, alors que Shiloh a cinq ans, ils décident de partir pour l'Angleterre. Ils achètent un grand cottage près de Camden Town, où Gary et Célie Jackson les rejoignent, quelques semaines plus tard. Ainsi, Shiloh reste proche de ses grands-parents. Tom ouvre un second restaurant à Londres, où Shiloh est envoyée à l'école primaire. C'est alors que les premiers signes de magie apparaissent. Et puis un jour, la petite fille et sa famille recoivent la visite d'une femme austère aux cheveux gris tirés en chignon, qui leur explique que Shiloh est une sorcière. Personne ne s'en doutait. Pourtant, Célie finit par avouer que ses parents étaient des sorciers, mais que elle, est née sans pouvoirs. Loins de repousser leur fille pour son étrangeté, Tom et Delila en font une force. Très fière d'elle, ils lui font bien comprendre qu'elle n'est pas bizarre. Par mesure de prudence, ils retirent Shiloh de l'école primaire, jusqu'à son entrée à Poudlard...

(...)

" Maman, papa, on va être en retard ! " cria la petite fille, sautillant sur la première marche de l'escalier.
" On arrive, Shiloh ! Embrasse tes grands-parents et saute dans la voiture ! " répondit sa maman en attrapant les clefs du véhicule sur la commode de la chambre.

Shiloh bondit dans le living-room et embrassa mamie Célie, puis papi Gary, qui la serrèrent dans leurs bras. Mamie Célie lui remit alors un petit collier fait d'un cordon de cuir auquel pendait une petite lettre en bois peint. Un M. Comme Monaco.

" Pour que tu n'oublies pas d'où tu viens " murmura papi Gary en souriant.

L'enfant les embrassa de nouveau, puis courut jusque dans le garage, bouclant ses petites sandales argentées. Elle prit son petit sac à dos rouge, puis boutonna sa veste. Lançant un regard au miroir du hall d'entrée, elle fit un clin d'oeil à son reflet. Vêtue d'un pantalon en jean noir, de petites sandales, d'un t-shirt à l'effigie de la princesse Grace, les ongles peints de toutes les couleurs et ses cheveux à la garçonne en bataille, Shiloh ne ressemblait pas vraiment aux petites filles de son âge. Mais elle s'en fichait. A onze ans, la petite Jackson était fière de ce qu'elle était et revendiquait fièrement le mélange de ses origines. Monégasque de naissance, américano-canadienne de sang, en voilà une longue nationalité à mettre sur les papiers.
La voiture démarra, fonçant vers King's Cross, où le Poudlard Express sifflait déjà sa vapeur. Le départ était proche. Courant sur le quai, Tom et Delial poussèrent leur fille dans le wagon et lui lancèrent mille baisers, lui souhaitant bon voyage. Assise près de la fenêtre, la petite passa autour de son cou le présent de sa grand-mère. Elle se rendit alors compte qu'à l'arrière du M de bois, étaient gravées plusieurs lettres ainsi qu'une petite phrase en français. G comme Gary ; C comme Célie ; M comme maman ; P comme papa ; Parce que c'est ce que nous sommes.