Les yeux rivés sur son frère, la silhouette frêle et menue ne peut s’empêcher d’afficher un sourire narquois tandis qu’elle demeure assise sur son balai d’une façon plus ou moins provocante. Ses cheveux bouclés d’un blond très clair flottent autour d’elle, telle une vieille déesse grecque qui serait apparue dans le ciel à un humain égaré. Il fait nuit. Pas un bruit aux alentours. Euphemia, respirant l’air pur du terrain de Quidditch, se fait plus pressante et adresse à son frère un signe obscène de la main. Elle le cherche, elle veut jouer, elle veut le rétamer. « A ta place, j’aurais honte de me faire battre par une fille. Enfin, je dis ça, je dis rien, bonhomme. », finit-elle par lâcher dans un sarcasme. A côté d’elle, Boyd, seize ans tout juste, bourre sa sœur aînée sur le côté, histoire de la déstabiliser de son balai. Il le sait, c’est une vraie conne sur un terrain de Quidditch. Et il n’a pas peur de lui dire, de la traiter de tous les noms. Mais ça, la vulgarité, c’est de famille. Quand leur père était joueur dans l’équipe d’Angleterre, il jurait comme un charretier après ses adversaires mais sa rencontre avec une certaine Alosya, future Mrs Bell, le força à ralentir sur les jurons. Cependant, cela n’empêcha pas Phineas d’éduquer correctement sa progéniture face à des adversaires un peu trop dérangeants. Alors, certes, on dit maintenant qu’Euphemia jure comme un troll, que Boyd se bat pour un rien, surtout avec des Serpentards mais qu’importe. Ce sont tous les deux des bêtes de Quidditch et il sont bien partis pour en faire leur métier. La blondinette, du haut de son mètre soixante-six, ne peut s’empêcher de sortir en cachette sa baguette magique et de jeter un sortilège de confusion à son cher frérot, à présent sonné par la réaction de la Gryffondor. « Vipère. Garce. Tu ne marqueras aucun but tant que je serais sur ce terrain, banane. », réplique-t-il en se dirigeant vers les cerceaux d’or ornant le stade fréquenté par tant d’élèves, aussi bien le jour que la nuit pour les plus valeureux. N’attendant pas une seconde de plus, la jeune Bell, armée de son Comète, fonce, récupère le ballon de football moldu destiné à remplacer le Souafle et commence à tirer quelques buts face à Boyd, gardien imperturbable. Mais l’avantage d’avoir un frère, c’est qu’Euphemia connait ses faiblesses et ses forces par cœur, qu’elle réussit à le planter à chaque fois malgré sa légendaire naïveté qui lui joue parfois des tours, surtout quand on lui dit qu’un troupeau de Sombrals survolent le ciel histoire de la déconcentrer. Sauf que là, ce soir, ça ne marche pas. Boyd a beau recourir à tous les stratagèmes pour déconcentrer sa sœur, il ne peut pas, il n’y arrive pas. Il encaisse les buts, jure après son aînée et finit par redescendre de son balais, la mine boudeuse. « Tu peux me laisser arrêter quelques buts quand même, ça ne te tuera pas, troll. » « C’est pas parce que t’es mon frère que je vais faire une exception, tu sais. A la rigueur, copier mon devoir de métamorphose, ça ne me gène pas mais le Quidditch… », réplique la jeune fille alors qu’elle rejoint son frère assis sur l’herbe fraîche. Boyd se contente d’afficher un maigre sourire avant d’ébouriffer les cheveux épars d’Euphemia. Au fond, il adore sa sœur, même si elle est diablement chiante, à sourire tout le temps, à roter à table comme un garçon, à flirter avec la gente masculine de Gryffondor. Elle ressemble à sa mère, c’est dingue. Même cheveux, même visage, même attitude, même caractère de chien.
Pourtant, y’a toujours des cons pour gâcher un tel moment entre frère et sœur. En l’occurrence, il s’agit de Serpentards qui ont décidé de faire une balade nocturne et oh, joie ! Ils ont croisé la route de Gryffondors. La plus âgée, Emilia Oxham, s’avance dans la pénombre et s’occupe d’écraser le balai de Boyd qui se brise sous le poids de la Serpentard. Elle affiche un sourire narquois, se sent supérieure. Sauf qu’Euphemia a tout vu, qu’elle s’est levée et qu’elle est prête à lui en coller une. « Euphemia, calme-toi, espèce de sang-de-bourbe. » Mais une telle insulte a le don d’énerver la jeune fille. Elle n’es pas sang-de-bourbe, descend d’une famille sang-pur et pour autant, insulter les nés moldus relèvent pour elle du plus grand manque de respect qui soit au monde. « Sang-de-bourbe ? Tu oses me traiter de sang-de-bourbe, pétasse ? », hurle-t-elle tandis que son frère agrippe son poignet et l’entraîne à l’écart.
Au fond, il ne la comprend toujours pas, son imbécile de sœur. Parfois, elle se comporte comme un garçon, parfois elle fait sa précieuse. Mais il l’aime énormément, ça, c’est sûr et certain.



Et oui, Hortense Euphemia Bell ne sera autre que la tante de la légendaire Katie Bell.